Texte de Nikos Maziotis à l'occasion du 1er mai

1.5.15

Les évènements qui ont prit place à Chicago en mai 1886 sont un tournant dans l'histoire du mouvement ouvrier révolutionnaire. Ce n'était pas seulement l'apparition du combat des travailleurs pour réduire le temps de travail à 8 heures par jour qui mènera la lutte mondiale du prolétariat pour la journée de 8 heures, c'était aussi la réponse des travailleurs à la répression patronale et à l'assassinat des travailleurs de l'usine McCormick.

Cette réponse, c’est l’appel des "les travailleurs armés" à une réaction de la classe ouvrière aux meurtres patronaux. C'était la réaction armée des travailleurs lorsque la police a ordonné la dissolution de la manifestation contre les tueries des grévistes de l'usine McCormick, sur le Haymarket Square. La tradition armée de la classe ouvrière et du mouvement révolutionnaire était à cette époque intimement liée au syndicalisme et à la lutte pour la journée de 8 heures, pour de meilleures conditions de travail, pour l'augmentation des salaires. Et tout cela était vu dans une certaine mesure comme une étape vers l'abolition du système capitaliste. Des luttes inspirées par les évènements de Mai 1886 à Chicago ont éclaté dans plusieurs pays dans les années suivantes, en France, Italie, Espagne, Russie, Mexique, Argentine. Ces luttes étaient caractérisées par l'usage de la violence armée par les travailleurs.

Malheureusement, une grande partie du mouvement ouvrier a adopté une approche qui considérait les pratiques armées comme une provocation et les pratiques de "terrorisme individuel" comme dommageables au mouvement ouvrier et donc condamnables. Il y a cette vision, par exemple, que les évènements de Haymarket Square, avec le jet d'une bombe et les affrontements avec la police qui en ont découlé étaient une provocation intentionelle pour justifier le meurtre de plusieurs travailleurs unis, mais aussi la condamnation et la pendaison de l'organisateur de la manifestation.

Les évènements de mai 1886 à Chicago sont plus tard devenus une commémoration annuelle pour que la classe ouvrière mondiale se rappelle du commencement de la lutte pour la journée de 8 heures de travail et le sacrifice de ceux qui ont donné leur sang dans ce combat. Finalement cela s'est transformé en une célébration indolore pour les syndicats réformistes compromis et vendus qui déformaient la signification des évènements de mai 1886 parce qu'ils souhaitaient était le renforcement du capital et continuer à maintenir leurs privilèges d'intermédiaires entre la vente du labeur des travailleurs et les capitalistes. Surtout après la Seconde Guerre Mondiale, les syndicats ont joué un rôle crucial dans le compromis de classe entre la classe ouvrière et les détenteurs de capitaux dans le but de raviver le capitalisme des ruines de la guerre passée et de relancer le moteur de l'accumulation. Ils ont également joué un rôle crucial dans le renforcement des modèles de gestion social-démocrates et keynesiens qui sont caractérisés par l'intervention de l'état et l'état providence. Ils ont également joué un rôle dans la défaite de la classe ouvrière à partir des années 1970 en adoptant une adoptant une approche défensive envers les attaques du capital qui se manifestaient par des réformes libérales amenées pour surmonter la crise d'inflation en effacant et reprenant tous les acquis de la classe ouvrière qui avaient été conquis dans les périodes précédentes.

Aujourd'hui, le capitalisme a déclenché une attaque sans précédents en réponse à la crise actuelle qui a éclaté en 2007-2008, cette attaque vise même les peuples des pays développés du centre capitaliste aux USA et en Union Européenne. Cette attaque renvoie les gens aux conditions de vie du 19ème siècle et les frontières entre le soi-disant Tiers-Monde et les pays développés du centre capitaliste sont de plus en plus floues. DOnc aujourd'hui, la lutte pour le renversement du capital et de l'état, la lutte pour la révolution, est devennue plus actuelle que jamais. Si nous voulons honorer les luttes des travailleurs innovateurs de Chicago en 1886, alors nous devons continuer à développer la lutte pour le renversement tant du capital que de l'état. SOus les conditions actuelles, loin de l'illusion du syndicalisme et du parlementarisme de la démocratie bourgeoise, la lutte foit être menée hors des institutions, des syndicats, des partis politiques et doit être fondée sur une base sociale, les pauvres, les travailleurs, les jeunes, les travailleurs à mi-temps, les chômeurs, les migrants, le prolétariat métropolitain. Les conditions ont changé depuis les jours de l'accumulation industrielle primitive.

Grace à la crise économique mondiale, le capitalisme d'aujourd'hui n'a plus besoin d'armées de travailleurs inexpérimentés comme c'était le cas au 19ème siècle. Au lieu de ça, à cause l'impossible reproduction du capital, à cause de l'impossible accumulation de capital, le système jette de plus en plus de travailleurs dans les rues, hors du marché du travail, car ils ne sont plus nécéssaires. A cause de la crise et des politiques suivies dans des pays comme la Grèce avec des agendas imposés par le FMI, la BCE, la Commission Européenne, il y a une féroce guerre de classe découlant des moyens et méthodes financières du capital, une guerre de classe qui -comme Lutte Révolutionnaire l'a dit- consiste en une politique sociale de génocide et de liquidation de la population excédentaire en Grèce qui a causé des milliers de morts, de meurtres, de suicides, de morts de pauvreté, de maladies, de manque des biens les plus élémentaires. La crise et l'incapacité du capital à se reproduire a déchainé -surtout dans les pays affectés par des crises de dette comme en Grèce- un pillage social massif pour la redistribution des richesses sociales du bas vers le haut de la hiérarchie sociale. Les salaires et les pensions sont coupées, des millions de gens ont été licenciés, des entreprises fermées pour endettement, des milliers de maisons et d'entreprises saisies par les banques et vendues aux enchères. Dans le but de couvrir ses énormes pertes et la dépréciation de leur capital, l'élite transnationale procède au pillage violent des peuples et de la base sociale. C'est ce qui se passe en Grèce depuis au moins  années. Aujourd'hui une lutte pour la journée de 8 heures, comme celle des travailleurs de Chicago de 1886 n'a aucun sens à une époque où le capitalisme est en crise et n'a pas besoin d'armées de travailleurs non-qualifiés comme c'était le cas entre le 19ème siècle et la moitié du 20eme.

L'héritage de la lutte des travailleurs de Chicago n'est plus de demander une journée de 8 heures ou bien l'amélioration de nos conditions de vie, puisque la crise a rendu le capitalisme incapable de le faire, c'est de combattre pour renverser le capitalisme et l'état sans mécanisme de domination de classe. Ce n'est pas l'heure de la réforme. Dans les conditions actuelles, il est impossible d'espérer une quelconque politique réformiste. Le renversement et la révolution est la seule solution réaliste à la crise. Une révolution ne peut pas être limitée à un pays. En Grèce, malgré les conditions objectives favorables pour une tentative révolutionnaire -c'est à dire la crise économique, la crise politique et la dépreciation des partis parlementaires- ce qu'il manque  c'est le facteur objectif : un mouvement révolutionnaire pour tirer profit des conditions favorables.

Comme résultat, d'une part il y a l'augmentation de l'extrême-droite parlementaire, le parti neo-nazi Aube Dorée qui était le troisième parti aux élections du 25 janvier malgré que la majorité de ses députés soient accusés de diriger une organisation criminelle après le meurtre de Pavlos Fissas il y a un an et demi. D'une autre part, la montée du parti de centre-gauche SYRIZA qui a gagné les élections et pris en main le gouvernement et la gestion de la crise capitaliste en acceptant substantiellement les conditions de l'Eurogroupe le 23 février, le paiement de la dette, les accords passés durant la période précédante avec la Troïka du FMI, de la BCE et de la Commission Européenne, et leurs estimations de l'économie grecque.

A cause de la crise de la dette, la Grèce est actuellement le maillon faible de l'Eurozone et de l'UE. Alors qu’elle compte pour 1,9% du PIB européen, une action potentielle de la part de la Grèce qui mènerait au rejet et à l’annulation totale de la dette et au retrait de l’Eurozone et plus loin à la sortie de l’UE en brisant l’économie de marché et du capitalisme créerait de sérieux remous. Non seulement en UE, mais aussi dans la construction de l’économie mondiale, puisqu’à cause de la mondialisation il y a une interdépendance  complète des fonctions du système. Mais la Grèce est un pays en périphérie de l’UE, et ne fait donc pas partie du centre capitaliste.

Une révolution en Grèce, un pays de l’UE, serait le commencement de de la destruction de la structure de l’UE, même s’il y a le risque des forces euro-sceptiques d’extrème-droite qui grandissent et poussent pour un retour au statut d’état-nation, la restauration de la souvereineté nationale et donc des anciennes rivalités entre les états-nations.

Lutte Révolutionnaire pense qu’une révolution en Grèce pourrait être un exemple, le commencement d’une révolution sociale. Marx a été démenti dans ces prédictions que les révolutions de son époque commenceraient dans les pays industriels développés. Au lieu de ça, les révolutions se sont déclenchées dans les pays sous-développés comme la Russie et l’Espagne. Aujourd’hui, en ces temps de crise du système, c’est le plus sérieux des précédents : il est impératif de frapper le coeur de la bête, le centre capitaliste. Les révolutions doivent éclater dans ls pays du centre capitalistes, dans les pays développés, aux Etats-Unis et en Union Européenne, là où les quartiers généraux de l’élite transnationale sont, dans la City de Londres, à Paris là où se trouve l’annexe du FMI en Europe, à Bruxelles où les centres de l’UE et de l’OTAN sont situés, à Francfort où se trouve le centre de la BCE, à New-York, la capitale mondiale du capitalisme et à Washington où se trouvent les quartiers généraux du FMI.

L’héritage du mouvement du ouvrier du passé, comme les travailleurs de Chicago en 1886, n’est pas de combattre aujourd’hui pour améliorer les conditions de travail ou de se défendre contre l’attaque de l’élite transnationale qui désavoue toutes les conquêtes de l’ancien mouvement ouvrier comme la journée de 8h, la sécurité sociale, l’état-providence avec son tourbillon de néo-libéralisme. Son héritage est d’attaquer. Il consiste en une contre-attaque prolétarienne et en la destruction complète du capitalisme. Attaquer ses places fortes : les sièges des banques centrales et des bourses. Là où sont prises des décisions qui affecte les fortunes de milliards de personnes sur le globe. Les sièges de la Banque Mondiale, du FMI, de l’Organisation Mondiale du Commerce. C’est l’attaque prolétarienne dans chaque pays pour le renversement de la classes dirigeantes, des gouvernements et des états. Et pour cette contre-attaque, il est nécéssaires d’avoir recours aux armes et à la guérilla. Dans cette contre-attaque, il est devenu nécéssaire de repenser les mouvements révolutionnaires dans chaque pays et d’analyser les conditions propres pour séléctionner les stratégies d’action et les formes de lutte à l’intérieur d’un cadre conçu aux seules fins de la révolution sociale, à la fois dans chaque pays et dans le monde entier. Combattre pour une révolution sociale mondiale. Voilà l’héritage des travailleurs de Chicago en 1886.

Honneur aux ouvriers morts à l’usine McCormick et au Square Haymarket !

Honneur aux  combattants éxécutés August Spies, Albert Parsons, Adolph Fischer, George Engel et à Louis Lingg qui s’est donné la mort la veille de son éxécution !

Honneur aux trois combattants anarchistes condamnés à la perpétuité Samuel Fielden, Oscar Neebe et Michael Schwab !

Honneur aux révolutionnaires et aux combattants du monde entier !

Nikos Maziotis, membre de Lutte Révolutionnaire,
Prison de Domokos.