Lettre ouverte de Pola Roupa, membre de Lutte Révolutionnaire, depuis la clandestinité

8.8.2014

Le 16 juillet 2014, les chiens armés de l'establishment ont déclenché une féroce chasse à l'homme et le camarade Nikos Maziotis, membre de Lutte Révolutionnaire a été touché par la balle d'un flic puis s'est effondré, couvert de sang. Le camarade a donné sa bataille aux flics qui le pourchassaient. L'appareil d'état s'est couvert de triomphe suite à l'arrestation du fugitif “numéro 1”. Tout comme l’a fait le criminel et véritable archi-terroriste Samaras (Premier ministre grec) dont le gouvernement a repris les rennes aux gouvernements pro-memorendum en campagne pour le plus grand génocide sociall qui ait jamais eu lieu en Grèce en temps de paix. Samaras a utilisé l'arrestation de Maziotis comme un moyen de stabiliser son gouvernement chancelant, dans le but de soutenir un régime politique et économique aux fondations pourries, depuis longtemps discrédité dans la conscience sociale.

Pour le régime politique et économique, pas seulement en Grèce mais également internationalement, l'arrestation d'un révolutionnaire du calibre de Nikos Maziotis est un “succès significatif” comme déclaré par les USA. C'est parce que l'arrestation du camarade est perçue par nos ennemis comme un coup à la lutte pour la subversion de l'establishment, comme un coup à la lutte pour la Révolution sociale. La taille de la menace que pose Maziotis à l'establishment se reflète dans la grande joie nauséabonde des pouvoirs politiques intérieur et étranger. Parce que le camarade et la Lutte Révolutionnaire, l'organisation à laquelle il appartient, sont intrinsèquement liés à la déstabilisation du système politique, à l'ébranlement d'un régime pourri, ils sont liés à la lutte pour le renversement de l'État et du capitalisme, liés à la Révolution sociale elle-même. Le camarade Nikos Maziotis était et sera dédié à la Révolution. C'est ce pourquoi il a combattu, c'est ce pourquoi il combat encore, c'est ce pourquoi il est présenté comme le danger N°1 de l'establishment. Ainsi, la gravité politique de cette affaire devrait être le principal paramètre pour l'expression de la solidarité avec le camarade.

Actuellement, Maziotis est un prisonnier de guerre sociale et de classe. Il n'est pas juste qu'il soit en prison. La seule chose qui serait juste est que ceux qui sont responsables de la situation du peuple grec, ceux qui ont voté et implémenté le mémorandum soient enchaînés à sa place et qu'ils subissent les procès du peuple : l'élite économique, les riches qui sucent le sang des prolétaires, l'élite politique et ses serviteurs. Il serait juste que Samaras, Venizelos, Papandreou, Papademos (1), leurs organisations criminelles, les dirigeants de la Troïka et de l'UE soient enchaînés. Les patrons grecs et étrangers, ceux pour qui la terre et le peuple qui y vit sont ravagés, ceux-là sont les vrais terroristes et les vrais voleurs. Ceux-là sont les criminels impitoyables et les assassins brutaux.

Les acclamations autour de l'arrestation ont été accompagnées par les immanquables attaques de la propagande d'état, reproduites et largement créées par les porte-paroles du Pouvoir, les médias de masse. Les attaques qui ont tenté d'entacher le caractère révolutionnaire du camarade et ont utilisé la fusillade dans le quartier Monastiraki (2) pour le dépeindre comme un “fou de la gâchette sans scrupules” ouvrant le “feu sans discriminations” pendant que les flics “s'efforcent de le neutraliser” sans utiliser d'armes à feu. Les flics ont soi-disant tiré une seule balle et uniquement pour “neutraliser” le camarade. À quel point sont-ils menteurs nauséabonds et hypocrites, les mécanismes d'état et les prie-dieu qui se prosternent devant les bulletins d'information ! “Il tirait dans la foule” : qui a choisi le lieu pour cette bataille ? Qui a commencé la chasse à l'homme? Maziotis aurait-il dû jeter son arme et se rendre sans livrer bataille ?

Les flics ont consciemment opté pour un clash armé dans un endroit bondé. Le camarade a été obligé de se défendre. Après qu'ils aient blessé eux-mêmes un touriste, qui a déclaré que c'était un flic qui l'avait touché (3) , ils l'ont fait taire aussi vite que possible. Ils ont répétés encore et encore dans les médias mainstream qu'ils n'avaient tiré qu'une seule balle alors que le camarade avaient tiré 8 balles. Mais sur simple suspicion que l'homme qu'ils poursuivaient s'était révélé être Maziotis, ils auraient ouvert le feu avec des automitrailleuses pour ne pas le laisser s'en aller. Parce que les enjeux pour eux sont d'une grande importance politique, et ils n'en avaient rien à faire que l'opération prenne place parmi des dizaines de personnes, pas plus que si un passant avait été tué. En outre, si cela avait été le cas, ils auraient blâmé le camarade pour ça. Qui aurait réfuté ?

En ce qui concerne les allégations ridicules qu'ils le suivaient depuis plusieurs jours, cela a été dit dans le contexte de la propagande d'état, pour ne pas admettre que c'était un parfait hasard. C'est quelque chose qui peut être vu dans leurs rapports contradictoires. Premièrement, ils affirment que le camarade a été reconnu par une policière secrète peu avant la fusillade. Ensuite, ils affirment qu'un ancien policier secret l'avait reconnu plusieurs jours avant à une station de métro. Si c'était vrai qu'ils nous avaient suivi dans les jours précédents, ils nous auraient arrêtés. Une moucharde et un moment de mauvaise chance ont déclenchés la chasse à l'homme. Mais, encore une fois, ils ne pouvaient pas admettre que la poursuite avait commencé par hasard. Toute la propagande à propos de le localiser en premier lieu a été générée pour prétendre publiquement que les mécanismes répressifs -et particulièrement les forces “anti-terroristes”, sont productives et efficaces. Mais c'est trop éloigné de la réalité. Dans la période qui a précédé nous étions continuellement parmi eux. Nous bougions partout. Nous passions par eux. Nous les avons regardé : ils ne nous ont pas vu.

Depuis l'arrestation de mon compagnon, je suis devenue la fugitive la plus recherchée de Grèce, moi mais aussi mon enfant, au sujet duquel les hommes de pailles du régime que sont les mass-médias “informent” avec vulgarité beaucoup de détails personnels. Dans le même temps, ils récompensent jusqu'à la nausée la « sensibilité » des mécanismes de l'accusation qui ne révèlent pas de photographies de l'enfant au public. À partir de maintenant, les flics vont retourner le pays pour trouver l'enfant sur base de tous les indices qu'ils pourront avoir. Mais à part ça, mon fils n'est pas recherché par les autorités... Comme l'a dit l'un des honteux journalistes à l'esprit policier, ils espèrent m'attraper à travers l'enfant. À présent, à travers l'enfant ils souhaitent me capturer.

Ils ont mon camarade gravement blessé dans leurs mains. Leur vengeance était attendue. Pour eux, ce n'est pas assez d'avoir Maziotis avec un bras broyé par une balle et dans un état de santé grave. Donc malgré le fait que la nécessité d'une proche supervision médicale et de chirurgie ait été rendue publique, ils l'ont vindicativement transféré dans une prison connue pour ne pas avoir de médecins même pour les plus basiques besoins des prisonniers. Il n'y a aucun doute que ce transfert à lui seul a dégradé son état. Je sais d'expérience que ce genre de transferts sont imposés aux combattants. Quand j'étais forcée de déménager vers une autre prison alors que j'étais enceinte, je suis arrivée ensanglantée à l'hôpital et j'ai été forcée de rester alitée pour éviter une fausse couche. C'est évident qu'ils ont peur. Ils ont le camarade dans leurs mains avec son bras broyé et ils ont quand même peur.

Qu'est-ce-que ça me fait : réellement, espèrent-ils que je me rende ? Je ne leur ferait pas cette faveur. Qu'ils viennent me chercher. En réalité mes persécuteurs n'y croient pas un instant. C'est pour cela qu'ils ont perquisitionné la maison de ma famille et interrogé ma mère et ma soeur, recherchant n'importe quel indice, en vain. Leurs déclarations dans les médias disant que j'étais dans une position difficile et qu'il était possible que je me rende aux autorités ne sont rien d'autre qu'un ultime effort pour maintenir la pression. Mes persécuteurs me connaissent. Ils ont eu à me connaître le 10 avril 2010 quand j'étais enceinte dans leurs mains et malgré leurs ridicules tentatives de m'effrayer je ne leur ai pas même dit mon nom. Tous ce qu'ils ont reçu de moi était du crachat. Ils sont conscients de ma position politique pendant l'emprisonnement, ils connaissent la position que j'ai maintenu pendant tout le procès. J'étais, je suis et je resterais une membre de Lutte Révolutionnaire. S'ils pensent me faire fléchir ils se trompent grossièrement.

L'arrestation de notre camarade a été un coup. Notre camarade Lambros Foundas a versé son sang dans les allées de Dafni, Nikos Maziotis a versé le sien à Monastiraki. La Lutte Révolutionnaire a donné son sang pour la cause de la Révolution sociale. Mais nos ennemis n'auront pas le dernier mot.

Il y a un terrain pour Lutte Révolutionnaire. Le terrain social est le nôtre, pas le leur. Pour nos ennemis c'est un terrain hostile et sauvage qu'ils ne peuvent contrôler que par la violence. Chaque jour, l'État et le Capital pillent, terrorisent, assassinent et exterminent dans leur tentative de sauver l'establishment. Au nom de « Retirer la pourriture du système » ils taillent à mort des millions de gens qui sont considérés comme superflus pour la reproduction du capitalisme. Au même moment, ils bombardent la société avec de stupides histoires de “reprise économique” et de “voie de sortie de crise pour le pays”. Des histoires qui rendent les pauvres, les affamés et les enragés de ce pays éclater de rire et d'indignation.

Le 16 juillet une bataille a prit place à Monastiraki. Une bataille inégale entre un révolutionnaire et des dizaines de chiens armés de l'État. Une bataille inégale tout comme la lutte pour la révolution l'est en ce moment de l'histoire. Une lutte entre quelques révolutionnaires et un appareil d’état armé jusqu’aux dents et très nombreux. C’est juste que cette lutte, la lutte révolutionnaire, n’est pas une question numérique. C’est une question d’esprit. C’est une question de croire en la justesse révolutionnaire. Une question de croire en la Révolution. De combattre un système meurtrier, criminel par sa nature, reproduit par l’exploitation, l’oppression et même l’extermination des gens. Un système reproduit par la violence. La violence de la politique économique, la violence exercée par l’élite économique et politique pour garder le système capitaliste pourri en vie, pour assurer ses intérêts et continuer à dominer. Chacun d’entre nous expérimente les résultats de cette violence depuis les quatre dernières années que ce pays est dans les affres de la crise, avec des millions de chômeurs et de travailleurs occasionnels, avec des salaires de misère et la transformation du travail en commerce d’esclave, avec les pires conditions d’esclavage salarié jamais expérimenté par les gens de ce pays. Nous avons vu et continuons à voir les résultats de cette violence meurtrière de la faim, de la malnutrition des enfants, des famines, des maladies, des morts et du taux de suicide toujours en hausse. Nous voyons ces résultats dans des bennes à ordures ou des humains-souris à la dignité écrasée fouillent pour un morceau de pain. Cette violence “cachée” du système, à l’intérieur de la crise systémique, est devenue une arme de destruction massive.
 
Il est absolument juste de combattre l’injustice, de combattre le système qui emprisonne, tabasse et tue les gens de seconde classe, qu’ils soient résistants, grévistes ou misérables migrants, avec la violence brute des mécanismes répressifs pour consolider l’ordre. Un système qui établit des donjons de « sécurité maximale » avec comme but premier d’annihiler politiquement, moralement, psychologiquement et même physiquement les combattants armés, d’écraser la volonté de mener une lutte révolutionnaire armée. Un système servit par une justice qui requiert la légitimation de tous les genres de violence d’état (par ex. le cas de l’épave de Farmakonisi où des garde-côtes ont noyé des migrants), mais aussi la violence raciste contre les travailleurs misérables (par ex.  les producteurs de fraise et leurs contremaîtres ont été acquittés pour l’attaque meurtrière contre des travailleurs agricoles migrants à Manolada). En outre, à l’échelle internationale, au nom de la consolidation du Nouvel Ordre Modial à travers des guerres contre le « terrorisme », l’assassinat du peuple entier de Palestine est légitimé.
La lutte révolutionnaire est une question de croire au besoin de combattre les oppresseurs, de retourner un pourcentage de la violence qu’ils commettent aux vrais criminels, aux vrais terroristes et aux meurtriers qui font le système. Parce qu’il n’y a qu’avec l’action armée révolutionnaire qu’ils seront capables de comprendre qu’ils ne resteront pas intouchés.
Plus que tout, la lutte révolutionnaire est une question de croyance profonde et inflexible dans la justice révolutionnaire, la justice d’abolir toutes les formes d’exploitation et de répression, et de détruire l’État et le capitalisme. La justice d’une société d’équité économique, sans riches et sans pauvres, sans maîtres et sans esclaves. La justesse d’une société de gens vraiment libres.

Dans la période d’activité de Lutte Révolutionnaire, depuis 2003 jusqu’à aujourd’hui, elle a menée une puissante lutte armée contre toutes les formes de violence de l’establishment qui ont été mentionnées plus haut. Ministres, tribunaux, forces de police, banques, immeubles de la Bourse, Ambassade Américaine et Banque de Grèce ont été visés par l’organisation. Agissant constamment, la Lutte Révolutionnaire a donné des réponses significatives à la violence de l’état, la violence de l’élite économique et politique, la violence de la justice de  l’establishment et a écrit des pages significatives de l’histoire révolutionnaire de ce pays, mais aussi à un niveau international.
 
La Lutte Révolutionnaire a agit et parlé en regardant la crise économiques  dans des temps où le silence se diffusait sur le mensonge de l’establishment de “l’éternelle stabilité du système” et de “l’économie grecque florissante”. Plus tard, avec l’assaut de la crise, l’organisation a réfuté toutes les voix dominantes qui parlent d’ « économie grecque fortifiée et imprenable » mais aussi d’avaler les perceptions, imprégnées de la propagande du régime, qui étaient incapables de comprendre la magnitude la tempête qui s’annonçait.
La Lutte Révolutionnaire a parlé et agit en regardant la Révolution et l’organisation sociale révolutionnaire en des temps où les problèmes étaient enterrés en dessous du moule de la prévoyance sociale. Cela a gardé et continue à garder la flamme de la Révolution sociale et la flamme de la liberté en vie. Cela a marqué, déterminé et inspiré plein de gens, cela a formé et continue a former des consciences .

Pour tour ce qui précède, cela a posé, pose et posera une sérieuse menace politique à l’establishment. La Lutte Révolutionnaire a combattu, combat et combattra pour tout ce qui précède. Pour tout cela, je continuerai à combattre.

LIBERTE POUR LE CAMARADE NIKOS MAZIOTIS
HONEUR ETERNEL AU CAMARADE LAMBROS FOUNDAS
LONGUE VIE A LA REVOLUTION SOCIALE
 
Pola Roupa
8 aout 2014


(1) Samaras est l'actuel Premier et Venizelos actuel Vice-Premier. Papandreou et Papademos sont les deux Premiers Ministres précédents. Papandreou est également l'actuel Président de l'Internationale des Partis Socialistes. Tous les 4 sont membres du PASOK.
(2) Quartier touristique d'Athènes où Nikos Maziotis a été arrêté.
(3) Deux touristes ont été touchés par balle dans la fusillade. L'état grec prétend qu'ils ont tous deux été touchés par Nikos.

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